Marie-Amélie et le goulag nucléaire d’EDF
jeudi 1er juin 2000 à 00:00 :: Nucléaire ::#52
Pourquoi ne pas laisser la parole à qui dit si bien ce que vous pensez également ? Parole, donc, à Stéphane Lhomme.
" Vivrélec par-ci , Vivrélec par là…ha j’vous jure ! ". Mais c’est qu’elle est rebelle la petite Marie-Amélie. Vous savez, la gamine à houppette mise en scène par EDF dans ses omniprésentes campagnes publicitaires ! Ce n’est peut-être pas le message voulu par les communicants, mais il semble bien que cet incroyable forcing publicitaire agace même la mascotte d’EDF !
L’objectif du fournisseur d’électricité français est d’imposer la plus forte consommation possible dans les foyers français, à commencer par le chauffage électrique. Celui-ci est pourtant réputé pour ruiner de nombreuses familles en particulier dans le parc HLM pré-équipé pendant des décennies pour le chauffage électrique.
La sur-consommation électrique ainsi artificiellement imposée permet à EDF de justifier l’existence de l’invraisemblable parc français de centrales nucléaires. Les citoyens n’ont jamais été consultés, et ne le sont toujours pas malgré les promesses gouvernementales, concernant les choix énergétiques. La transformation de la France en pays nucléaire a été décidée dans leur dos, et le renouvellement des centrales nucléaires françaises (projet EPR) est déjà programmé. Et gare à ceux qui se hasardent à remettre en cause cette option !
Le dernier spot publicitaire télévisé dévoile d’ailleurs la société qu’EDF prévoit pour nous tous : une armée de Marie-Amélies marchant au pas derrière un immense drapeau Vivrélec. Avec une inquiétante impression de déjà vu : les jeunesses staliniennes ! Les citoyens qui demandent la sortie du nucléaire risquent-ils de finir dans un goulag ?
Il est vrai que le PCF défend avec ardeur le nucléaire en France, alors que la mise en place de cette industrie a abouti à placer le service public sous la coupe du lobby nucléaire : de puissantes sociétés parapubliques ou privées, dont les méthodes ne seraient pas reniées par l’ex-nomenklatura soviétique.
Mais EDF ne semble pas avoir besoin des conseils du PCF pour étouffer le débat et, surtout, désinformer. Ainsi, les idées fausses savamment entretenues du style " comment voulez-vous que l’on se passe du nucléaire qui produit 80 % de l’électricité du pays ? ". Or, le nucléaire ne représente que 15 % de l’énergie consommée en France, et seulement 6 % dans le monde ! Qui a dit qu’on ne pouvait pas s’en passer ?
Autre exemple : " le nucléaire ne produit pas de CO2, il permet donc de lutter contre l’effet de serre ". Mais lutter contre le dégagement de CO2 nécessite des mesures radicales en particulier concernant les transports et certaines industries, mesures à coté desquelles l’ " économie " de CO2 réalisée grâce au nucléaire est négligeable. De plus, sortent des centrales nucléaires des quantités incroyables de vapeur d’eau ou d’eau chaude qui contribuent au réchauffement de la planète au moins aussi sûrement que du CO2 !
Par contre, nous devons bien reconnaître que les tenants du nucléaire en France n’hésitent pas, en certaines circonstances, à promouvoir le gaz. Malheureusement, il s’agit du gaz lacrymogène ! En effet, les 1500 pacifiques manifestants du dimanche 23 avril devant la centrale nucléaire du Blayais ont été accueillis par les gendarmes mobiles qui, malgré l’ absence absolue de provocation, ont chargé et matraqué les premiers rangs et lancé des lacrymogènes au milieu de la manifestation ou se trouvaient de nombreux enfants !
Pour compléter le tableau, l’association TchernoBlaye, co-organisatrice de cette manifestation, est traînée en justice par le maire (PS) de Blaye sous prétexte que le nom de cette association nuit à l’image de marque de la ville. À aucun moment, semble-t-il, notre "ami" le maire n’a envisagé l’ hypothèse que c’était la présence de la centrale nucléaire, et les nombreux problèmes qu’elle rencontre, qui dévalorisait l’image de Blaye et du Blayais !
Actions en justice, gaz lacrymogènes, corruption légale [1], bourrage de crâne publicitaire… toutes les méthodes semblent bonnes pour désaisir les citoyens de leur légitime désir de protéger leur avenir et celui des générations futures, et pour sanctionner ceux qui se rebellent.
Mais les actions citoyennes s’organisent et les solidarités se créent.
Solidarités entre les Collectifs en lutte contre l’enfouissement des déchets radioactifs : les mobilisations sont menées avec le slogan " Les déchets radioactifs, ni ici, ni ailleurs ", alors que certains élus locaux aimeraient en rester à…" Ni ici " (!), en espérant repousser la construction des sites d’enfouissement à quelques centaines de kilomètres de leurs fiefs électoraux !
Solidarités entre ces Collectifs et ceux qui luttent contre la présence des centrales, par la participation réciproques aux diverses initiatives. Ainsi, des représentants des luttes contre l’enfouissement des déchets radioactifs étaient présents dans la manifestation du Blayais et la parole leur a été donnée pour bien signifier aux " autorités " la solidarité des citoyens en lutte.
Pour la première fois, et malgré les campagnes publicitaire d’EDF, des sondages d’opinion donnent depuis l’été dernier une majorité de français favorables à la sortie du nucléaire.
Il reste encore une étape à franchir, convaincre les citoyens qu’il est réellement possible de passer de cette énergie et des ses terribles dangers. Les moyens d’information des militants sont encore modestes [2], mais ils ne manquent pas d’opiniâtreté et de courage face aux attaques, aux menaces.
Et puis , il y a la petite Marie-Amélie qui bougonne…" Vivrélec par-ci , Vivrélec par là…ha j’vous jure ! ".
Tiens bon, Marie-Amélie, nous sommes là !
[1] L’ANDRA (Agence Nationale pour la Gestion des Déchets radioactifs) déverse d’immenses quantités d’argent public pour acheter les consciences, en particulier celles des élus, afin d’imposer aux populations des sites d’ enfouissement des déchets radioactifs.
[2] Notons l’excellente plaquette "Par ici la sortie…du Nucléaire " éditée par le Réseau Sortir du Nucléaire.
Commentaires
Pour ma part, j’ ai d’ ores et déjà opté pour un chauffage d ’appoint au bio éthanol, outré d’ être tondu de façon inique et unilatérale par EDF ou GDF, leurs tarifs étant fixés après consommation de leur énergie ....bref c ’est de l’ arnaque.
Du coup, avec ma cheminée au bio éthanol, je baisse mes radiateurs, je donne moins d ’argent à ces firmes étatiques aux pratiques commerciales douteuses, je suis bien chauffé et vite .....en plus, le bio-éthanol que j’ utilise est issu de culture de betterave sucrière française ....au moins l’ argent va à l’ agriculture et pas aux lobbies de l’ énergie ! Par ailleurs ma cheminée est fabriquée en Allemagne (vive l’ Europe) aux normes de sécurité TUV....donc no soucis !
Toujours ça de moins donné à EDF !