Laïcité stricte : seule réponse possible au massacre de Charlie
Par Perline, jeudi 15 janvier 2015 à 16:22 :: Politique au quotidien ::#253

Perdre des connaissances, voir s’éloigner le droit de dire, de moquer, de s’amuser, dans un attentat qui visait la liberté et le rire, et rien d’autre, ce fut un choc, d’une violence inouïe. Un coup au plexus qui coupe le souffle.
Deux jours de sidération, deux jours quasi sans pouvoir parler, ni rien faire d’autre que d’aller place de la République, mettre des bougies, imprimer des mots, changer mes logos des réseaux sociaux. Il m’a fallu deux jours pour remettre mes neurones en marche.
Et commencer à picorer, de ci, de là, des bribes de réflexions, images, textes.
Pour en arriver à une évidence, à la source de ce gâchis.
Cent dix ans de séparation légale de l’église et de l’État et on en est là !
Depuis cette date, les gouvernements n’ont eu de cesse de faire des concessions aux religions.
Il faut le rappeler haut et fort, l’État ne reconnaît pas les cultes. C’est l’article 2, donc la base, de la loi de 1905. Non, elle ne les RECONNAÎT PAS ! Et elle ne les subventionne pas non plus.
Et pourtant...
L’Alsace et la Moselle sont toujours régies par le religieux. Une honte, une exception à cette prétendue France unique sur tout le territoire. Aucun, je dis bien aucun, parti d’aucune sorte (présent dans l’hémicycle) n’oser toucher à cette aberration. Partout les avantages sur le territoire diminuent, dans ces deux départements ils restent toujours plus élevés, les religieux sont payés par l’État, les écoles ne sont pas laïques.
En France, certains bâtiments religieux sont entretenus par le contribuable. Des écoles, des mairies, des gymnases, des bâtiments publics n’ont pas d’argent pour leur restauration, mais les lieux de culte si.
En France, les écoles religieuses sont payées par l’État. Les écoles publiques manquent de personnel, de matériel, mais les écoles religieuses ont droit à de l’argent des contribuables.
Le religieux n’a rien à faire dans la sphère publique.
C’est la, simple, définition de la laïcité. Chacun a le droit absolu de croire en ce qu’il veut, et l’État n’a pas à en tenir compte. Et tous respectent la loi, changée par les représentants du peuple, qui décident, argumentent et votent en laïcs.
En France, depuis 1905, Dieu n’existe pas, la religion n’existe pas, le fait religieux n’existe pas, ce ne sont que des croyances. La loi ne reconnaît pas les cultes, simplement elle leur garantit la liberté de l’exercer, dans le cadre strict des lois de la république française.
Point barre.
Une croyance c’est personnel, c’est intime. Les autres n’ont pas à supporter ces croyances, elles doivent rester dans l’intimité. Intégrer les croyances personnelles dans l’espace public s’appelle du prosélytisme.
À la veille de la guerre de 1914, le ministère des Cultes disparaît, c’est un simple bureau central des cultes qui s’occupe du sujet, il dépend de l’Intérieur.
Mais les hommes politiques n’ont pas pris soin de respecter la loi, de respecter les citoyens, ils ont toujours pris soin de ne pas vexer leurs croyances personnelles et privées, les curés et bigots de leurs villages, ils ne se sont jamais battus pour ce respect de la loi de 1905 et, bien au contraire, ont pris plus soin de suivre les religions pour prendre leurs décisions.
Le dernier avatar en date étant la loi pour le mariage homosexuel, qui a donné lieu à une bataille parlementaire homérique, incluant des barrages procéduriers antidémocratiques.
Non, il n’y a pas à être fier d’être juif, on ne l’a pas fait exprès, non il n’y a pas à « enseigner un autre islam, et percevoir un autre islam », que ceux qui veulent le vivre, le fassent tout simplement.
Mais on peut être atterré, révolté, d’être attaqué parce qu’on est juif ou musulman ou homosexuel, ou pour toute autre caractéristique.
- Lors du meeting de clôture de la campagne des Verts des élections européennes 2004, les croquis de Charb étaient réalisés et projetés en direct
Il n’y a pas une once d’espace religieux à céder dans la sphère publique. L’étanchéité doit être parfaite. Aucune raison religieuse ne peut justifier des décisions citoyennes, politiques.
Il faut promouvoir, pour tous les enfants de la république, la culture, la connaissance, le savoir, le partage.
Y aura-t-il assez de lucidité chez les gouvernants pour que les ministres de l’Intérieur arrêtent de se présenter comme ministres des Cultes, pour créer un ministère de la Laïcité, qui veillera à son respect dans tous les domaines, à commencer par les finances et l’éducation ?
Commentaires
J’ai entendu dire que l’abrogation du délit de blasphème en Alsace-Moselle était, par hasard, en discussion la semaine même où la rédaction de Charlie s’est vue décimer.
À part ça, tout en soutenant totalement le principe d’une République laïque, je ne sais pas si ça suffit à régler tous les problèmes. Réserve qui ne m’empêche pas d’être un peu désespéré, ces temps-ci, en lisant des gauchos prendre à mi-mot, et parfois pire que ça, le parti des terroristes, sous prétexte que ces derniers se réclament de la religion des pauvres (même s’ils sont financés par des pétrodollars) et des colonisés. Et après ils parlent d’amalgames, ce qui est peut-être le plus comique.
Et je suis sidéré de la mauvaise connaissance de Charlie Hebdo et de son histoire que ça exprime : ce n’était pas vraiment un organe bushiste et, si Wolinski était bien un obsédé sexuel, c’est aussi dans ce journal que travaillaient les trois seules femmes caricaturistes un peu connues en France : Catherine Meurisse, Coco, Camille Besse.