de Perline
Dr ès sciences-technologie-société

à Monsieur le Procureur de la République
33000 Bordeaux
fax : 05 56 01 36 64

Monsieur le Procureur,

J’apprends avec stupeur la convocation lundi 27 octobre 2003 de Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire pour l’informer des suites que vous comptiez donner au recours introduit contre lui par la SNCF.

Il est accusé d’avoir interrompu le mois dernier, en gare de Bordeaux-Saint Jean, la circulation d’un convoi de matériaux radioactifs, pour en mesurer la radioactivité extérieure à l’aide d’un compteur Geiger.

Les policiers qui l’ont interpellé lui ont confisqué cet appareil, de même que la disquette de photos numériques qu’il avait prises à cette occasion. Ils l’ont informé que le compteur Geiger serait détruit « sur ordre du Parquet ».

Il me semble totalement incroyable que quelqu’un qui fait le travail dévolu aux autorités - prendre la mesure des précautions nécessaire pour protéger les populations - puisse être accusé pour ces faits.
Ma thèse de doctorat « Goiânia, un accident technologique majeur », a montré l’importance de la connaissance des lieux de stockage et de passage des produits radioactifs, quels qu’ils soient.

L’action de Stéphane Lhomme est un acte de salubrité publique et pour cet acte il devrait être félicité et récompensé.

L’action de la SNCF laisse penser qu’elle ne voudrait ni informer les potentielles victimes des dangers qu’elle leur fait courir, ni laisser ces citoyens prendre en charge les contrôles indispensables à leur sécurité.

Cette attitude est inquiétante.

De plus, la confiscation du matériel de pur contrôle - le compteur Geiger - et, pire, sa destruction, pourrait faire penser que le contrôle citoyen du niveau radioactif d’un élément est interdit.

Ce fait est particulièrement grave.

Ainsi, après l’accident de Tchernobyl, si les compteurs Geiger avaient été plus répandus dans la population, nombreux sont ceux qui n’auraient pas nourri leurs enfants de produits contaminés.

Est-ce à cela que l’on tend ? Empêcher, à tout prix - y compris par la confiscation (bientôt l’interdiction ?) de matériel totalement inoffensif, mais primordial - le contrôle de certains produits radioactifs ?

Veuillez agréer, Monsieur le Procureur, l’expression de notre respectueuse considération.